- Le budget alloué à l’agriculture a très rarement dépassé les 0.1% du budget national
- L’absence de programmes et de projets agricoles efficaces et durables à long terme, gérés en synergie complète par le secteur public et privé (malgré de belles initiatives privées mais restreintes au court ou au moyen terme).
- L’absence de mise en œuvre d’une vision agricole nationale.
- L’absence d’assurances de compensation contre toute catastrophe naturelle
- L’absence de rigueur sur l’application du calendrier des importations agricoles
- L’absence de définition d’une société rurale (CREAL*).
- Une livre libanaise qui a perdu près de 190% de sa valeur depuis novembre 2019.
- L’explosion du prix du diesel et du carburant et la difficulté de s’en procurer
- L’impossibilité de réparer tout équipement agricole en raison de son prix élevé
- L’augmentation de près de 200% du coût des intrants agricoles et l’impossibilité de les payer
- L’incapacité à faire face aux barrières à l’exportation (aspects légaux, situation aux frontières etc…)
- La perte de main d’œuvre : environ 60% de la main d’œuvre agricole non qualifiée enregistrée auprès des Nations Unies pour les réfugiés reçoit entre 120 et 200 dollars par mois (et n’est donc plus intéressée par des travaux dans les champs rémunérés en livres libanaises).
1 En 2020, l’agriculture ne représente plus que 2,36% du PIB (CREAL*) contre 4,7% avant 2019.
2 En 2021, 2,3 millions de personnes ont besoin de sécurité alimentaire et d’assistance agricole.
3 Les surfaces cultivées ont diminué, pour certaines cultures de 21% (Rapport d’analyse de la situation de la FAO* en 2021).
4 Certaines cultures sont cultivées en excès et ne peuvent être commercialisées de manière rentable.
5 Depuis 2019, moins de 8% de la population est soutenue par le secteur agricole.
Se mobiliser pour rendre viable les piliers de la « Stratégie Nationale Agricole du Liban 2020-2025 (MOA* libanaise).
Les piliers 2.1 et 3.1 de cette stratégie stipulent respectivement :
- Accroître la production agricole totale en augmentant les surfaces cultivées, la production animale, l’aquaculture et en améliorant la productivité.
- Soutenir la modernisation des infrastructures des chaînes de valeur et des systèmes de traitement post-récolte, des marchés de gros et des marchés locaux.
Certes, ces deux objectifs sont de plus en plus vitaux ; de plus, il est maintenant admis par tous que le seul et unique concept efficace est celui de la chaîne de valeur végétale ou animale, il est toutefois peu réaliste de penser pouvoir atteindre ces objectifs dans le contexte présent.
L’espoir d’amélioration reste dans certains faits positifs qui, malgré tout, permettent d’envisager des plans de sauvetage radicaux:
La direction Générale des coopératives a, tout récemment, mis en place une action de renforcement et de responsabilisation des coopératives de production et des coopératives agricoles; il faudrait pouvoir avoir, pour chaque culture, toutes régions confondues, une coopérative performante, transparente et efficace, (l’organisation de la filière viticole est un exemple à suivre, tout comme celle de l’huile d’olives , celle des pommes et plus de 3 coopératives de production qui réussissent à l’export vers la diaspora du Brésil).
- Plusieurs start-up ont présenté des concepts modernes de production: aquaponique, hydroponiques, cultures verticales, fabrication de compost végétal, réutilisation du grignon etc..
- Les concepts de lutte intégrée et de permaculture se répandent doucement mais sûrement.
- Plusieurs nouvelles ONGs ont été créées avec des objectifs de promouvoir les “meilleures pratiques agricoles” et “promouvoir l’agriculture urbaine”.
- De nombreux établissements scolaires situés en régions rurales se tournent vers l’agriculture comme moyen de subsistance et de soutien à la soutenabilité de leurs établissements.
A court terme:
1/ Mesures bancaires spéciales pour le secteur de l’agriculture, essentiellement pour les
importateurs d’intrants indispensables.
2/ Etude urgente blé dur v/s blé tendre, alternative aux subsides
3/ Mesures spéciales mazout et essence, subventions mazout pour chambres froides,
véhicules enregistrés à usage agricole
4/ Campagnes de sensibilisation “aide aux récoltes 2021” auprès des jeunes qui se trouvent
dans des régions rurales
5/ Déclencher une étude fiable et rapide sur le nombre de consommateurs et quantités
consommées par cuture au Liban (besoin détécté par le CREAL depuis 2018)
6/ Débloquer des obstacles (qui n’ont pas vraiment de raison d’être) à l’exportation de miel
vers l’Europe et de certaines quantités d’huile d’olive vers de nombreux marchés.A moyen terme:
Le ministère de l’Agriculture devrait reprendre le travail par “comité de cultures” (système mis en place vers les années 2005-2010, abandonné par la suite) dans une dynamique plus englobante: ces comités devraient inclure des équipes actives homogènes:
- du ministère
- des chambres de commerces et d’industrie
- des syndicats de producteurs
- des coopératives concernées
- des experts locaux , par culture, ayant une forte expérience de terrain
- du secteur des importateurs d’intrants
- du CREAL*
- d’ONGs
- de l’initiative QOOT* (Lebanon Agri Food Innovation Cluster)
- d’exportateurs professionnels
- d’ experts innovateurs
La mission urgente de ces comités serait:
1/institutionnelle:
élimination radicale de la corruption:
à titre d’exemple: entre 1992 et 2018, des fonds de 196 millions de dollars, 503 millions
d’Euro, et 167 milliards de livres libanaises ont été alloués à des projets sur l’agriculture
sans impact toutefois sur le produit agricole national brut (CREAL*).
2/technique:
- rapide ré évaluation de la stratégie nationale 2020-2025 sur la base du context actuel
- écriture d’un plan d’action rapide et réalisable émanant de cette ré-évaluation avec focus
spéciaux sur:
- la production locale de semences
- les cultures à fortes rentes
- une redéfinition des cultures stratégiques en absence de subventions
- une évaluation d’une possible remise en fonctionnement d’une usine de
reconditionnement local de produits de protection des plantes, et de production locale
d’ennemis naturels” pour usage en agriculture biologique - une évaluation des productions locales de matériel de nutrition des plantes
- une ré- évaluation, par culture, des nouveaux marchés d’exportation
- la mise en place d’un système transparent de respect des calendriers agricoles
A long terme:
Numériser toutes les composantes des chaînes de valeur (dont la traçabilité)
Introduire la composante “High Tec” à chaque culture, chaque fois qu’elle impliquera une plus grande efficacité (faisable) de production.
S’accorder sur une vision claire de la définition sociale de la population rurale
Mettre en place un système de protection sociale pour les producteurs, et enregistrer cette profession comme profession officielle catégorisée
Augmenter les liens efficaces entre enseignement supérieur agronomique et composantes des chaînes de valeur
Assurer emplois immédiats aux techniciens agricoles
Bibliographie
*CREAL : Centre de Recherches et d’Études Agricoles Libanais- Dr Riad Fouad Saadé
*FAO Food & Agricultural Organization 2021, 2020 and 2019 reports