Le Liban dans l’obscurité totale
La gestion du secteur de l’électricité a été catastrophique au cours des dernières décennies. Bien que contribuant à près de la moitié de la dette publique (près de $40-50 milliards au total), EDL est en faillite et toujours dans l’incapacité de fournir l’énergie nécessaire au pays. Récemment, la situation s’est rapidement dégradée et le courant électrique n’est plus fourni que quelques heures par jour. Le Liban, en faillite, est aussi à court de devises pour l’importation de son combustible et la maintenance de ses centrales.
La capacité de production actuelle provient presque exclusivement de générateurs privés et des centrales polluantes, fonctionnant aux énergies fossiles (diesel et fuel lourd) et principalement présentes sur la côte libanaise, à proximité des zones urbaines. Selon Greenpeace, cette pollution, place tragiquement le Liban en tête du palmarès des pays du Moyen Orient avec le taux le décès le plus important par tête d’habitant, avec près de 2700 décès annuels en moyenne, victimes des maladies liées à la production de cette énergie fortement polluante.
Quelles sont alors les meilleures solutions pour inverser cette situation catastrophique ?
Pour reconstruire son économie, son industrie et son agriculture sur des bases productives et durables, le Liban doit adopter une transition énergétique visionnaire et ambitieuse, basée sur la production d’une énergie locale, économique et propre.
Les énergies renouvelables et les technologies nouvelles offrent aujourd’hui cette opportunité unique. Les énergies solaires et éoliennes sont aujourd’hui les moins chères et les plus propres. L’hydroélectrique complémentera cette production avec la réhabilitation des barrages existants et l’exploitation des capacités du pays de batteries hydrauliques par hydro-pompage.
Comparaison du coût nivelé de l'énergie - Analyse non subventionnée - LAZARD 20 oct.

Les énergies renouvelables pourront répondre, dans toutes les régions du pays, à près de 40 à 50 % de la consommation énergétique totale du pays, dans les cinq à dix prochaines années.  Cette production permettra ainsi la fermeture de la majorité des usines sur la côte.  Seules deux usines importantes, fonctionnant au gaz, fourniront la capacité électrique de base (base load).

Le nouveau modèle énergétique devra être aussi holistique,  intégrant en même temps l’efficacité énergétique et la réduction des pertes avec une modernisation du réseau et une gestion intelligente de la demande énergétique. Il devra adopter aussi une tarification flexible et sociale de l’électricité, gérer et favoriser le développement rapide des voitures électriques.

Une réforme drastique de ce secteur est devenue une priorité pour l’adoption rapide de ce nouveau modèle énergétique.   Elle aura comme piliers la nomination rapide d’une autorité de régulation indépendante, l’adoption de lois et des régulations modernes et la restructuration majeure d’Electricité du Liban.  Ces réformes permettront l’ouverture du marché de la production d’électricité au secteur privé et le développement de nouveaux services pour les consommateurs.  De plus, dans ce domaine gangrené par la corruption, des mesures drastiques de transparence et de lutte anti-corruption devront être mises en place.

Le nouveau plan aura un impact important sur la résolution de la crise énergétique avec une exécution deux fois plus rapide et une réduction substantielle de la facture énergétique du pays, économisant ainsi 36 milliards de dollars en 10 ans.  Il permettra de réduire drastiquement la pollution, divisant ainsi par trois les émissions de CO2 à l’horizon 2030.

Le statu quo n'est plus une option. Une exécution audacieuse d’un plan énergétique visionnaire est désormais nécessaire pour la survie du pays.

Publications similaires